Dans cet
ouvrage les évènements nous sont relatés à travers le point de vue de Véronique Vasco, psychologue de
l'adolescent Orion. Elle va suivre cet adolescent pendant douze ans, de l'âge
de 13 ans à 25 ans. Il lui parlera du "Démon de Paris et banlieue",
du "Démon que de faute !", du "Démon blanc" et de tout les
autres, qui l'attaquent avec leurs rayons dès qu'il est mis en situation de
stress, confronté à un imprévu ou un milieu inconnu (le retard d'un bus, d'un
métro d'une personne, entrer dans un café seul, parler en public, perte d'un
sac, etc.).
Afin de voir l'évolution de la
psychose chez Orion ainsi que les effets de la thérapie sur l'adolescent, nous
nous appuierons sur deux extraits de L'Enfant
bleu, d'Henry Bauchau : la "Dictée d'Angoisse numéro trois"
d'Orion ainsi qu'un passage du dialogue du dernier chapitre du roman :
"Aujourd'hui, je peux payer moi-même".
Orion est
adolescent de 14 ans dans ce passage du livre il dicte durant sa séance avec le
Docteur Vasco, ses craintes et ses épreuves de la semaine qu'il nomme lui-même
"dictée d'Angoisse". Il utilise une syntaxe simpliste pour exprimer
ce qu'il ressent telle que "On ne veut pas comme on ne sait pas
nager". De plus, elle est parsemée de fautes de français comme
"devenir noyé". On remarque également qu'il adopte un comportement
enfantin, encore plus présent pendant ses crises. L'expression "l'île
Paradis numéro 2" reflète bien cette idée, le terme modalisé
"Démon" y contribue également. Par ailleurs, ce dernier a une connotation
folle et irréelle. Au cours de sa "dictée d'Angoisse", Orion répète
trois fois le terme "rayon" qui pour lui a un sens très fort, cela
illustre sa détresse devant les visions imposées par son handicap. Il répète
trois fois le verbe "taper", conjugué à différents temps, traduisant une instabilité psychique soulignée par l'expression "le Démon l'aurait
fait", cela montre qu'il n'a aucun contrôle sur lui-même pendant ses crises
qu'il vit comme une prise de possession de son corps par le Démon.
L'utilisation du pronom personnel sujet "On" par Orion pour se
désigner montre qu'il n'a pas conscience que l'adolescent qu'il est est une entité
et une personnalité à part entière, pour lui elle est indissociable de ses
Démons, de plus il n'a pas conscience de cet amalgame.
A la fin du
roman, Orion est un jeune homme de 25 ans dont les projets amoureux avec Myla, une
jeune femme elle aussi handicapée mentale, ont été contrariés par le père de
cette dernière qui décide de les éloigner en emmenant sa fille avec lui au
Brésil. Il appel en catastrophe le Docteur Vasco afin de lui donner
rendez-vous. L'utilisation des deux pronoms personnels sujets "on" et
"je" montre les effets de la thérapie, Orion commence à prendre
conscience qu'il est une personne individuelle et que ses Démon ainsi que
"l'enfant bleu" ne sont que des "amis" qui l'accompagnent
et qu'il n'a pas à leur être soumis. On comprend que cet évènement est très
important pour lui grâce à la phrase de Véronique Vasco "Je suis
stupéfaite, presque effrayée, il a dit "je" trois fois". Les
modalisations "stupéfaite" et "effrayée" insistent sur
l'aspect soudain et presque merveilleux de cette progression. Cependant, malgré
ce progrès et cette avancée incontestable Orion reste instable et désorienté,
on le remarque grâce aux nombreux points de suspension qui interrompent ses
phrases au rythme saccadé comme dans la phrase "On ne sait pas, Madame ...
Si je sais, tu vas au café". En outre, nous comprenons également que cet
événement même majeur dans la vie d'Orion n'est pas synonyme de guérison
puisqu'il est toujours effrayé par le monde extérieur, comme nous pouvons le constater
avec la phrase "là où il y a le moins de monde"
Pour
conclure, il est indéniable que durant ses douze ans de thérapie, mélange de psychothérapie, psychanalyse et ergothérapie par l'art, avec Véronique
Vasco, Orion a fait d'énormes progrès. Il est à présent autonome et n'a plus
aussi peur du monde qui l'entoure qu'avant. Il est capable de surmonter seul
des épreuves telles qu'une rupture amoureuse sans faire de crises majeures.
Bien que la psychose ne puisse pas être guérie, les symptômes peuvent
cependant diminuer de façon conséquente et permettre à ces malades de mieux
s'intégrer à la société.
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