mercredi 15 février 2012

c. Henry Bauchau : un auteur actuel qui écrit sur les handicapé


Henry Bauchau, né le 22 Janvier 1913 à Malines en Belgique, est un psychanalyste, poète, romancier et dramaturge. Avant d'être mobilisé en 1939 à l'âge de 26 ans, il était journaliste et militait dans des mouvements de jeunesse chrétiens. Plus tard dans la guerre, il s'engagera dans la résistance et sera blessé dans les maquis d'Ardennes, il restera donc à Londres jusqu'à l'Armistice. Son vécu ainsi que sa profession vont l'inspirer tout au long de ses écrits. Notamment, pour le roman L'incendie Sainpierre où il relate l'incendie de sa maison maternelle lors de l'invasion allemande, ou le roman L'enfant bleu. Cet ouvrage est celui sur lequel nous allons nous appuyer pour ce devoir puisqu'il y parle d'un adolescent psychotique.

Dans cet ouvrage les évènements nous sont relatés à travers le point de vue de Véronique Vasco, psychologue de l'adolescent Orion. Elle va suivre cet adolescent pendant douze ans, de l'âge de 13 ans à 25 ans. Il lui parlera du "Démon de Paris et banlieue", du "Démon que de faute !", du "Démon blanc" et de tout les autres, qui l'attaquent avec leurs rayons dès qu'il est mis en situation de stress, confronté à un imprévu ou un milieu inconnu (le retard d'un bus, d'un métro d'une personne, entrer dans un café seul, parler en public, perte d'un sac, etc.).

          Afin de voir l'évolution de la psychose chez Orion ainsi que les effets de la thérapie sur l'adolescent, nous nous appuierons sur deux extraits de L'Enfant bleu, d'Henry Bauchau : la "Dictée d'Angoisse numéro trois" d'Orion ainsi qu'un passage du dialogue du dernier chapitre du roman : "Aujourd'hui, je peux payer moi-même".

Orion est adolescent de 14 ans dans ce passage du livre il dicte durant sa séance avec le Docteur Vasco, ses craintes et ses épreuves de la semaine qu'il nomme lui-même "dictée d'Angoisse". Il utilise une syntaxe simpliste pour exprimer ce qu'il ressent telle que "On ne veut pas comme on ne sait pas nager". De plus, elle est parsemée de fautes de français comme "devenir noyé". On remarque également qu'il adopte un comportement enfantin, encore plus présent pendant ses crises. L'expression "l'île Paradis numéro 2" reflète bien cette idée, le terme modalisé "Démon" y contribue également. Par ailleurs, ce dernier a une connotation folle et irréelle. Au cours de sa "dictée d'Angoisse", Orion répète trois fois le terme "rayon" qui pour lui a un sens très fort, cela illustre sa détresse devant les visions imposées par son handicap. Il répète trois fois le verbe "taper", conjugué à différents temps, traduisant une instabilité psychique soulignée par l'expression "le Démon l'aurait fait", cela montre qu'il n'a aucun contrôle sur lui-même pendant ses crises qu'il vit comme une prise de possession de son corps par le Démon. L'utilisation du pronom personnel sujet "On" par Orion pour se désigner montre qu'il n'a pas conscience que l'adolescent qu'il est est une entité et une personnalité à part entière, pour lui elle est indissociable de ses Démons, de plus il n'a pas conscience de cet amalgame.

A la fin du roman, Orion est un jeune homme de 25 ans dont les projets amoureux avec Myla, une jeune femme elle aussi handicapée mentale, ont été contrariés par le père de cette dernière qui décide de les éloigner en emmenant sa fille avec lui au Brésil. Il appel en catastrophe le Docteur Vasco afin de lui donner rendez-vous. L'utilisation des deux pronoms personnels sujets "on" et "je" montre les effets de la thérapie, Orion commence à prendre conscience qu'il est une personne individuelle et que ses Démon ainsi que "l'enfant bleu" ne sont que des "amis" qui l'accompagnent et qu'il n'a pas à leur être soumis. On comprend que cet évènement est très important pour lui grâce à la phrase de Véronique Vasco "Je suis stupéfaite, presque effrayée, il a dit "je" trois fois". Les modalisations "stupéfaite" et "effrayée" insistent sur l'aspect soudain et presque merveilleux de cette progression. Cependant, malgré ce progrès et cette avancée incontestable Orion reste instable et désorienté, on le remarque grâce aux nombreux points de suspension qui interrompent ses phrases au rythme saccadé comme dans la phrase "On ne sait pas, Madame ... Si je sais, tu vas au café". En outre, nous comprenons également que cet événement même majeur dans la vie d'Orion n'est pas synonyme de guérison puisqu'il est toujours effrayé par le monde extérieur, comme nous pouvons le constater avec la phrase "là où il y a le moins de monde"

Pour conclure, il est indéniable que durant ses douze ans de thérapie, mélange de psychothérapie, psychanalyse et ergothérapie par l'art, avec Véronique Vasco, Orion a fait d'énormes progrès. Il est à présent autonome et n'a plus aussi peur du monde qui l'entoure qu'avant. Il est capable de surmonter seul des épreuves telles qu'une rupture amoureuse sans faire de crises majeures. Bien que la psychose ne puisse pas être guérie, les symptômes peuvent cependant diminuer de façon conséquente et permettre à ces malades de mieux s'intégrer à la société.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire