mercredi 15 février 2012

b. Les acteurs d'insertion


             1. L’action de l’Etat



          L’État français met en place de nombreuses infrastructures afin de venir en aide aux personnes le plus dans le besoin, notamment les handicapés mentaux. Il a par exemple édité une loi en 2005 qui modernisait la définition du handicap. Elle obligeait la Société à mettre en place de nouveaux dispositifs afin de compenser leur handicap. L'une de ces dispositions est l'Etat-providence.

          L’État-providence est une conception de l’État qui intervient dans la régulation du domaine économique et social. L'objectif de l’État est de redistribuer de manière équitable les richesses aux plus nécessiteux, dans le cas que nous étudions : les handicapés mentaux. Ce projet est donc financé par les administrations publiques. La solidarité entre tous les citoyens et la justice sociale sont les fondements de cette conception. Effectivement, les déficients mentaux sont l'objet de plusieurs aides comme l’État-providence qui leur permettent de se loger, de se nourrir, de leur ouvrir l'accès à l'éducation et par conséquent, de subvenir à leurs besoins les plus importants. De plus, ce concept permet aux personnes qui en sont bénéficiaires une protection sociale sous forme d'assurance contre le risque de leur situation, mais aussi un système d'assistance financé par l'aide sociale.

          Dans le cas spécifique des handicapés mentaux, des structures adaptées ont été mises en place. Par exemple, nous retrouvons des organismes comme la S.E.G.P.A (Section d'Enseignement Général et Professionnel Adapté) ou les R.A.S.E.D (Réseau d'Aide Spécialisé aux Élèves en Difficulté). Ensuite, nous pouvons remarquer l'existence des hôpitaux de jour ou de maisons de repos aussi financés par l'état et qui prennent en charge les handicapés gratuitement puisque la plupart du temps les séjours dans ces installations sont remboursés par la Sécurité sociale.

          Par ailleurs, l’État donne aussi aux adultes handicapés une allocation mensuelle : l'AAH (Allocation pour Adulte Handicapé). La somme versée ne dépasse pas 700€ et diminue dès lors que la personne a un emploi.

          Cependant, l’État-providence est menacé. En effet, des problèmes de financement et d'aménagement mettent ces aides en danger. L’État providence est donc sujet à débat. L'éventualité de sa suppression n'est donc pas à écarter.





2. Un exemple d'association : HAARP



Le SAVS "La Montagne" (Service d'Aide à la Vie Sociale) est un des centres faisant partie d'une association plus grande : la HAARP (Handicap Autisme Associations Réunies du Parisis). C'est un centre de service d'aide aux personnes handicapées mentales. Il peut accueillir 36 personnes. En 2010, un tiers de ces personnes était de sexe féminin.

L'âge moyen des résidents de ce service est de 46 ans et 7 mois. Cependant, il existe un écart d'âge conséquent la plus jeune ayant 22 ans et la plus âgée 57 ans. La population fréquentant le SAVS "La Montagne" est vieillissante malgré le départ et l'arrivée de 10 personnes entre 2008 et 2010. Leur accompagnement dure en moyenne 10 ans, mais a déjà atteint un maximum de 26 ans. 13 de ces adultes vivent en petit comité tandis que les autres vivent seuls ou en couple à leur domicile. 50% des résidents bénéficient de soins adaptés comme des traitements médicamenteux, des entretients psychothérapeutiques en CMP (Centre Médico-Psychologique) ou en cabinet, séjours en CATTP (Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), hôpital de jour ou maison de repos, mais aussi des hospitalisations ou bien des rendez-vous avec la psychologue du service SAVS.


           Dans les 36 résidents du SAVS "La Montagne", 25 travaillent à l'ESAT "La Montagne" (Établissement d'Aide par le Travail), 8 autres travaillent dans d'autres ESAT et les 3 restants n'ont pas d'emplois. Toutefois, plusieurs d'entre eux montrent de plus en plus de difficultés à aller travailler et le taux d'absentéisme augmente, pour certains ceci peut conduire à un arrêt total de l'activité.



             Le 14 Décembre 2011, nous sommes allées dans les locaux de l'association HAARP à Cormeilles en Parisis où nous avons pu interroger trois membres de cette équipe qui accompagne les handicapés mentaux et psychiques dans leur vie quotidienne.



            La première personne que nous avons interviewée est Madame Jenny Jolivel, chef du service SAVS (Service d'Aide à la Vie Sociale), ce service est subventionné par le département. Elle nous a appris que le CAT (Centre d'Aide par le Travail), le premier service de l'association, a été créé en 1984 par des parents d'handicapés mentaux qui souhaitaient leur offrir la meilleure prise en charge possible. Le SAVS a quant à lui été créé en 1986. Aujourd'hui la HAARP compte sept établissements dont le Chare de Magny, un foyer d'hébergement, ainsi qu'une IME (Institut Médico-Educatif). Lors de fusions récentes, deux établissements de Montigny ont pris la décision commune de faire fusionner leurs centres alors que pour deux établissements du Vexin, l'accord du conseil fut nécessaire pour appliquer la fusion.

           De plus, tous les salariés de l'association sont des professionnels reconnus par l’État. 80% des chefs de service dans ce milieu sont d'anciens éducateurs spécialisés. Cependant, pour avoir accès à se poste, ce n'est pas obligatoire, il suffit d'être détenteur du diplôme de chef de service et d'avoir de préférence déjà travaillé dans le social. Le rôle de la chef du service médico-social du SAVS est d'accompagner et d'organiser les éducateurs et d'assurer la liaison entre eux et la direction afin de gérer le planning administratif. Dans ce cadre, elle a tout de même un contact quotidien avec les handicapés pour qui elle est un point fixe de l'accueil.

           De fait, le SAVS est un service d'aide à l'autonomie des adultes handicapés. Conformément à la nouvelle définition du handicap de 2005 et à la loi obligeant la société à mettre en place une compensation de tous les handicaps. Pour pouvoir y être admis, il faut remplir certains critères : il faut se procurer une orientation MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapé), avoir une activité de jour (travail ou hôpital de jour), avoir des ressources pour subvenir à ses besoins, payer son logement, le médecin, etc. C'est pourquoi l'AAH (Allocation pour Adulte Handicapé) a été créée. Il faut d'autre part être relativement autonome afin de pouvoir se déplacer seul dans les transports en commun par exemple, ne pas être dépendant au niveau de l'hygiène, mais surtout il faut qu'une réelle demande soit formulée par la personne handicapée mentale. Cependant, la décision finale qui est de savoir si cette personne intégrera le service revient aux professionnels de l'association et en second lieu aux parents. Dans chaque établissement SAVS, un psychologue est présent. Cependant, la plupart des handicapés sont suivis individuellement à l'extérieur du service soit dans un CMP (Centre Médio-Psychologique) soit par un psychologue libéral. Pour le personnel de l'association le suivi en CMP est plus rassurant car ce type de centre a un lien privilégié avec les hôpitaux que ne possèdent pas les psychologues libéraux. Les exclusions du SAVS sont rarissimes et doivent obligatoirement être accompagnées d'une réorientation pour le patient. Si les établissements alentours sont dans l'incapacité d'accueillir le handicapé, il reste dans l'établissement d'origine en attendant qu'une place se libère.





           Ensuite, nous avons rencontré Madame Delphine Bonal, éducatrice spécialisée du service de Madame Jolivel. Pour exercer ce métier, il faut être animateur de premier ordre et détenir le DNES (Diplôme National d’Éducateur Spécialisé). Le rôle des éducateurs est d'accompagner les personnes handicapées dans leur quotidien, sans jamais avoir une quelconque action sur leur emploi si elles en possèdent un. Ils sont là pour les aider dans leurs tâches quotidiennes comme les courses, les démarches administratives, etc., ainsi que de leur fournir un soutien psychologique. Cependant, même si dans ce cadre ils peuvent être amenés à évoquer des thèmes tels que la famille ou les amis des handicapés, ils ne doivent jamais évoquer leur vie privée : la relation qu'ils entretiennent avec eux est professionnelle et non pas amicale. Un service de soutien et d'écoute téléphonique 24/24h est mis en place grâce à un roulement entre les différents éducateurs. Lorsqu'ils organisent des sorties, un seul éducateur est nécessaire pour encadrer le groupe car les adultes sont assez autonomes. Il n'est utile d'avoir plusieurs accompagnateurs que pendant les voyages plus longs.



          Enfin nous avons interrogé Monsieur Sébastien Deschler, chef de l'atelier relieur, packaging et saisie informatique de l'ESAT "La Montagne". Cette branche de l'association est en partie subventionnée par l’État et bénéficie en plus d'une part du budget total de l'organisation. L'ESAT est considéré comme un lieu d'accueil de jour, les personnes y travaillant sont soit logées dans leur propre logement, soit en internat au Foyer de Vie "La Montagne" par exemple, soit, pour les plus atteints, chez leurs parents. Monsieur Deschler n'a bénéficié d'aucune formation particulière pour travailler au contact des handicapés. Il est arrivé à ce poste par hasard car il y a peu de travail dans cette branche. Cependant, un moniteur pour adultes handicapés doit posséder au moins un CAP et avoir au minimum 5 ans d'expérience professionnelle. Il doit adapter sa méthode d'apprentissage au handicap des personnes avec qui il travaille, de fait, presque aucun diplôme du cursus classique n'est accessible aux handicapés mentaux. Pour ces derniers, l'exercice d'une profession est un réel avantage. En effet, cela leur permet de s'ouvrir au monde extérieur, de se confronter aux autres et d'obtenir une reconnaissance pour le travail à la fois morale et financière puisque chacun d'entre eux reçoit une paye à la fin du mois. Par contre, leur salaire est inférieur au smic, il peut être couplé à l'AAH mais la somme reversée, de 700€ maximum, diminue lorsque leur salaire augmente et au-delà d'une certaine somme, ils ne peuvent plus prétendre à cette allocation. Le travail des adultes handicapés est sérieux, appliqué et soigné. Ils travaillent 35h par semaine, 7h par jour, bénéficient de 15 minutes de pause toutes les deux heures, et de 5 jours de congés par trimestre comme n'importe quels autres salariés en France.


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