1. L’action de l’Etat
L’État français met en place de
nombreuses infrastructures afin de venir en aide aux personnes le plus dans le
besoin, notamment les handicapés mentaux. Il a par exemple édité une loi en
2005 qui modernisait la définition du handicap. Elle obligeait la Société à
mettre en place de nouveaux dispositifs afin de compenser leur handicap. L'une
de ces dispositions est l'Etat-providence.
L’État-providence est une
conception de l’État qui intervient dans la régulation du domaine économique et
social. L'objectif de l’État est de redistribuer de manière équitable les
richesses aux plus nécessiteux, dans le cas que nous étudions : les handicapés
mentaux. Ce projet est donc financé par les administrations publiques. La
solidarité entre tous les citoyens et la justice sociale sont les fondements de
cette conception. Effectivement, les déficients mentaux sont l'objet de
plusieurs aides comme l’État-providence qui leur permettent de se loger, de se
nourrir, de leur ouvrir l'accès à l'éducation et par conséquent, de subvenir à
leurs besoins les plus importants. De plus, ce concept permet aux personnes qui
en sont bénéficiaires une protection sociale sous forme d'assurance contre le
risque de leur situation, mais aussi un système d'assistance financé par l'aide
sociale.
Dans le cas spécifique des
handicapés mentaux, des structures adaptées ont été mises en place. Par
exemple, nous retrouvons des organismes comme la S.E.G.P.A (Section
d'Enseignement Général et Professionnel Adapté) ou les R.A.S.E.D (Réseau d'Aide
Spécialisé aux Élèves en Difficulté). Ensuite, nous pouvons remarquer
l'existence des hôpitaux de jour ou de maisons de repos aussi financés par
l'état et qui prennent en charge les handicapés gratuitement puisque la plupart
du temps les séjours dans ces installations sont remboursés par la Sécurité
sociale.
Par ailleurs, l’État donne aussi
aux adultes handicapés une allocation mensuelle : l'AAH (Allocation pour Adulte
Handicapé). La somme versée ne dépasse pas 700€ et diminue dès lors que la
personne a un emploi.
Cependant, l’État-providence est
menacé. En effet, des problèmes de financement et d'aménagement mettent ces
aides en danger. L’État providence est donc sujet à débat. L'éventualité de sa
suppression n'est donc pas à écarter.
2. Un
exemple d'association : HAARP
Le SAVS
"La Montagne" (Service d'Aide à la Vie Sociale) est un des centres
faisant partie d'une association plus grande : la HAARP (Handicap Autisme
Associations Réunies du Parisis). C'est un centre de service d'aide aux
personnes handicapées mentales. Il peut accueillir 36 personnes. En 2010, un
tiers de ces personnes était de sexe féminin.
L'âge moyen
des résidents de ce service est de 46 ans et 7 mois. Cependant, il existe un écart
d'âge conséquent la plus jeune ayant 22 ans et la plus âgée 57 ans. La population
fréquentant le SAVS "La Montagne" est vieillissante malgré le départ
et l'arrivée de 10 personnes entre 2008 et 2010. Leur accompagnement dure en
moyenne 10 ans, mais a déjà atteint un maximum de 26 ans. 13 de ces adultes
vivent en petit comité tandis que les autres vivent seuls ou en couple à leur
domicile. 50% des résidents bénéficient de soins adaptés comme des traitements
médicamenteux, des entretients psychothérapeutiques en CMP (Centre
Médico-Psychologique) ou en cabinet, séjours en CATTP (Centre d'Accueil
Thérapeutique à Temps Partiel), hôpital de jour ou maison de repos, mais aussi
des hospitalisations ou bien des rendez-vous avec la psychologue du service
SAVS.
Dans les 36 résidents du SAVS "La Montagne", 25 travaillent à l'ESAT "La Montagne" (Établissement d'Aide par le Travail), 8 autres travaillent dans d'autres ESAT et les 3 restants n'ont pas d'emplois. Toutefois, plusieurs d'entre eux montrent de plus en plus de difficultés à aller travailler et le taux d'absentéisme augmente, pour certains ceci peut conduire à un arrêt total de l'activité.
Le 14 Décembre 2011, nous sommes allées dans les locaux de l'association HAARP à Cormeilles en Parisis où nous avons
pu interroger trois membres de cette équipe qui accompagne les handicapés
mentaux et psychiques dans leur vie quotidienne.
La première personne que nous
avons interviewée est Madame Jenny Jolivel, chef du service SAVS (Service
d'Aide à la Vie Sociale), ce service est subventionné par le département. Elle
nous a appris que le CAT (Centre d'Aide par le Travail), le premier service de
l'association, a été créé en 1984 par des parents d'handicapés mentaux qui
souhaitaient leur offrir la meilleure prise en charge possible. Le SAVS a quant
à lui été créé en 1986. Aujourd'hui la HAARP compte sept établissements dont le
Chare de Magny, un foyer d'hébergement, ainsi qu'une IME (Institut Médico-Educatif). Lors
de fusions récentes, deux établissements de Montigny ont pris la décision
commune de faire fusionner leurs centres alors que pour deux établissements du
Vexin, l'accord du conseil fut nécessaire pour appliquer la fusion.
De plus, tous les salariés de
l'association sont des professionnels reconnus par l’État. 80% des chefs de
service dans ce milieu sont d'anciens éducateurs spécialisés. Cependant, pour
avoir accès à se poste, ce n'est pas obligatoire, il suffit d'être détenteur du
diplôme de chef de service et d'avoir de préférence déjà travaillé dans le
social. Le rôle de la chef du service médico-social du SAVS est d'accompagner
et d'organiser les éducateurs et d'assurer la liaison entre eux et la direction
afin de gérer le planning administratif. Dans ce cadre, elle a tout de même un
contact quotidien avec les handicapés pour qui elle est un point fixe de
l'accueil.
De fait, le SAVS est un service
d'aide à l'autonomie des adultes handicapés. Conformément à la nouvelle
définition du handicap de 2005 et à la loi obligeant la société à mettre en
place une compensation de tous les handicaps. Pour pouvoir y être admis, il
faut remplir certains critères : il faut se procurer une orientation MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapé), avoir une activité de jour (travail ou hôpital de jour),
avoir des ressources pour subvenir à ses besoins, payer son logement, le
médecin, etc. C'est pourquoi l'AAH (Allocation pour Adulte Handicapé) a été
créée. Il faut d'autre part être relativement autonome afin de pouvoir se
déplacer seul dans les transports en commun par exemple, ne pas être dépendant
au niveau de l'hygiène, mais surtout il faut qu'une réelle demande soit
formulée par la personne handicapée mentale. Cependant, la décision finale qui
est de savoir si cette personne intégrera le service revient aux professionnels de
l'association et en second lieu aux parents. Dans chaque établissement SAVS, un
psychologue est présent. Cependant, la plupart des handicapés sont suivis individuellement à l'extérieur du service soit dans un CMP (Centre
Médio-Psychologique) soit par un psychologue libéral. Pour le personnel de
l'association le suivi en CMP est plus rassurant car ce type de centre a un
lien privilégié avec les hôpitaux que ne possèdent pas les psychologues
libéraux. Les exclusions du SAVS sont rarissimes et doivent obligatoirement
être accompagnées d'une réorientation pour le patient. Si les établissements
alentours sont dans l'incapacité d'accueillir le handicapé, il reste dans
l'établissement d'origine en attendant qu'une place se libère.
Ensuite, nous avons rencontré
Madame Delphine Bonal, éducatrice spécialisée du service de Madame Jolivel.
Pour exercer ce métier, il faut être animateur de premier ordre et détenir le
DNES (Diplôme National d’Éducateur Spécialisé). Le rôle des éducateurs est
d'accompagner les personnes handicapées dans leur quotidien, sans jamais avoir
une quelconque action sur leur emploi si elles en possèdent un. Ils sont là
pour les aider dans leurs tâches quotidiennes comme les courses, les démarches
administratives, etc., ainsi que de leur fournir un soutien psychologique.
Cependant, même si dans ce cadre ils peuvent être amenés à évoquer des thèmes tels
que la famille ou les amis des handicapés, ils ne doivent jamais évoquer leur vie
privée : la relation qu'ils entretiennent avec eux est professionnelle et non pas
amicale. Un service de soutien et d'écoute téléphonique 24/24h est mis en
place grâce à un roulement entre les différents éducateurs. Lorsqu'ils
organisent des sorties, un seul éducateur est nécessaire pour encadrer le
groupe car les adultes sont assez autonomes. Il n'est utile d'avoir plusieurs
accompagnateurs que pendant les voyages plus longs.
Enfin nous avons interrogé
Monsieur Sébastien Deschler, chef de l'atelier relieur, packaging et saisie
informatique de l'ESAT "La Montagne". Cette branche de l'association
est en partie subventionnée par l’État et bénéficie en plus d'une part du
budget total de l'organisation. L'ESAT est considéré comme un lieu d'accueil de
jour, les personnes y travaillant sont soit logées dans leur propre logement,
soit en internat au Foyer de Vie "La Montagne" par exemple, soit,
pour les plus atteints, chez leurs parents. Monsieur Deschler n'a bénéficié
d'aucune formation particulière pour travailler au contact des handicapés. Il
est arrivé à ce poste par hasard car il y a peu de travail dans cette branche.
Cependant, un moniteur pour adultes handicapés doit posséder au moins un CAP et
avoir au minimum 5 ans d'expérience professionnelle. Il doit adapter sa méthode
d'apprentissage au handicap des personnes avec qui il travaille, de fait, presque
aucun diplôme du cursus classique n'est accessible aux handicapés mentaux. Pour
ces derniers, l'exercice d'une profession est un réel avantage. En effet, cela leur
permet de s'ouvrir au monde extérieur, de se confronter aux autres et d'obtenir
une reconnaissance pour le travail à la fois morale et financière puisque
chacun d'entre eux reçoit une paye à la fin du mois. Par contre, leur salaire
est inférieur au smic, il peut être couplé à l'AAH mais la somme reversée, de
700€ maximum, diminue lorsque leur salaire augmente et au-delà d'une certaine
somme, ils ne peuvent plus prétendre à cette allocation. Le travail des adultes
handicapés est sérieux, appliqué et soigné. Ils travaillent 35h par semaine, 7h
par jour, bénéficient de 15 minutes de pause toutes les deux heures, et de 5
jours de congés par trimestre comme n'importe quels autres salariés en France.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire